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Mon artisanat

 

Ok, aujourd’hui nous allons parler d’un sujet qui chamboule : j’ai mal à mon artisanat.
Bon, vu le titre, je pense que vous savez un peu où je vais vous amener. 
Et bien voici un article que je veux écrire depuis longtemps. Un article qui vient du cœur, mais qui est aussi préoccupant, car c’est la première fois en 15 ans d’artisanat que j’ai mal à mon artisanat.


Depuis quelques temps, les artisans.e.s souffrent beaucoup de la conjoncture, comme beaucoup de commerces d’ailleurs. J’ai beaucoup discuté avec mes collègues artisanes et on a toutes le même constat : l’artisanat va mal, et nous n’allons pas bien non plus !
La conjoncture actuelle fait que nos ventes sont amoindries, il est plus difficile de vendre et de faire les chiffres que nous faisions il y a quelques années. Des artisanes de talent reprennent un travail à côté pour le côté financier mais aussi parce que le mal-être est présent !

Être artisane aujourd’hui signifie être créative sur les réseaux sociaux, et y être très présentes pour vendre nos bijoux. Ça demande beaucoup de temps, d’énergie surtout quand on a déjà milles facettes à nos actifs.

Cet été, ça va faire 15 ans que j’ai lancé Elufée, et au début, il n’y avait pas Instagram, Facebook venait à peine d’être lancé. Avec du recul je me dis que c’était bien, c’était peut-être plus long à se faire connaitre, mais le côté humain était beaucoup plus présent qu’aujourd’hui. Les solutions que nous trouvions pour nous faire connaître étaient plus vivantes et surtout nous étions beaucoup moins entourées par la solitude. En discutant, (oui parce que vous savez je suis bavarde et surtout j’adore parler de ça avec mes consœurs) la plupart des artisanes sont épuisées d’avoir cette casquette de communication sur les réseaux sociaux. 

Cela prend du temps et cela nous détache du corps de notre métier, cela nous met une pression supplémentaire avec cette quête des followers en plus pour…vivre. Nous avons le sentiment de devoir exister sur les réseaux sociaux pour pouvoir vivre de notre artisanat ! Alors qu’en soit ça devrait être juste notre artisanat qui devrait nous faire vivre, vous voyez ? 

De mon point de vue, je me suis sentie très fragilisée avec mon arrivée en Belgique. Quand je suis allée vivre à Brighton j’ai failli arrêter Elufée. Cinq après me voilà dans un autre pays, avec beaucoup de doutes. Mais cette fois-ci ce n’est pas ma marque qui me donne des doutes, mais l’artisanat en général, et ça, c’est assez triste. 


Ma présence sur les réseaux sociaux me pesait un peu, je n’étais plus si heureuse de tout donner sur Instagram. Faire face à l’algorithme est épuisant, surtout quand ce n’est pas le cœur de notre métier, et savoir qu’il est essentiel pour notre travail est épuisant.

 Aujourd’hui cela va beaucoup mieux, je retrouve mon équilibre, j’ai fait quelques marchés et vous voir me booste, vous ne pouvez pas savoir comment, et je relativise. Je me sens comme en mutation donc j’avance sur une vague, des fois c’est le fun et des fois un peu moins, mais ça reste quand même le fun.

 

Un des problèmes qui me fait mal à mon artisanat aujourd’hui c’est… le manque d’originalité chez mes consœurs. Sujet que j’ai abordé également avec mes collègues, le constat est là : il est difficile de voir des choses nouvelles. C’est un état général d’ailleurs, nous le voyons bien dans le cinéma ou la musique, on n’invente plus grande chose, des reprises de chansons, des reprises de séries ou de films qui ont 20 ans (j’ai vu qu’il y allait avoir une nouvelle série La petite maison dans la prairie…)


Et ouah tout ça m’attriste ! L’art ce n’est pas ça, l’artisanat ce n’est pas ça. L’artisanat c’est de la recherche, de la réflexion, des essais et quelques fois des échecs, de la matière et avant tout un savoir-faire qui vient des tripes. Aujourd’hui, et là je vais être un peu dure, je vois beaucoup de créatrices se lancer, mais qui font la même chose. Des bijoux aux formes et aux matières similaires explosent, rien n’est créé. Dans mon secteur, le bijou en cuir est très impacté. Je vois un nombre incalculable de créatrice de bijoux en cuir qui me copient, mais qui copient aussi mes consœurs. 

Je suis profondément triste de ça, et je ne me sens plus à ma place. Vous me connaissez, moi qui aime l’originalité et l’invention, me voilà inspectée dans mon quotidien de créativité. En ce moment je mets des choses en place justement dans mon univers, mais ca, je vous en reparle plus tard, car j’ai beaucoup de choses à dire ;) 

 

Face à ces problématiques, nous nous retrouvons avec nos fragilités, face à des mastodontes tels que les grands sites de fast fashion dont je tairais le nom, où ces sites prônent les petits prix et les nouveautés tous les jours. Comment nous, petits artisans nous pouvons faire face à ça ? Comment concurrencer cette ultra-consommation alors que l’artisanat, c’est la lenteur des gestes, la beauté des matières, des heures de recherches pour créer des choses qui viennent de nos cœurs. Comment faire face à des géants qui plus est, détruisent la planète…


J’adore être à mon atelier, dans ma bulle (ça me nourrit quelque part) et j’aime toujours autant créer mes bijoux que j’aime tant, et en même temps je suis triste de me dire qu’ils vont se noyer dans tous ces univers de bijoux en cuir. Il y a quelques mois, et c’est un fait, je n’aimais plus être sur les réseaux sociaux. Ça me rendait anxieuse et ça me démotivait quand je voyais tout ça …


Sur le sujet des réseaux sociaux, little. Gypsea (que j’adore suivre by the way) aborde le sujet d’Instagram. Je la cite, «je disparais de temps en temps des réseaux (…) j’ai remarqué que les réseaux sociaux avaient une mauvaise influence sur moi : j’ai tendance à beaucoup me comparer et à me trouver nulle. Le processus de création, c’est un moment ou on est vulnérable je trouve et où on remet beaucoup de choses en question, couper me permet de créer mes idées sans être influencée par ces mauvaises émotions »
Je trouve ça très juste, et je ressens la même chose.

Aujourd’hui, comme vous l’avez sans doute vu, je suis moins présente sur Instagram pour ces mêmes raisons. Je reprends un rythme doucement mais sûrement, je n’y suis pas tous les jours mais je viens quand j’en ai envie. Puis c’est certain que d’être en mode travaux, pas très lookée et avoir un atelier entouré de bric à brac pour le moment me donne moyen envie de vous montrer tout ça ahah.


Mais quand sera plus dans le confort, je pense que je reviendrai un peu plus. Peut-être aussi que je vais plus écrire plus sur le blog ou via la newsletter. Et j’ai aussi une impression que vous êtes moins sur les réseaux sociaux.

 J’ai l’impression qu’avec cette société qui change on a vraiment besoin de remettre l’humain dans tout ça, d’être plus dans le réel. N’hésitez pas à me dire sous cet article votre vision des réseaux sociaux ca m’intéresse :)


Bref, l’artisanat est un art ancestral, je reste positive en me disant que si on se serre les coudes, on continuera à faire face à ce virage que l’artisanat est en train de vivre … Parce que pour moi créer c’est résister, et résister c’est créer !
Je me battrai toujours pour la reconnaissance de l’artisanat, celui qui est vrai, censé, recherché et vivant.


Et pour moi, je resterai fidèle à moi-même, à faire des recherches, des essais pour que l’artisanat que j’aime fasse toujours partie de ma vie 
Merci de d’avoir lu ce petit pavé, merci de me soutenir mais aussi de soutenir l’artisanat, merci d’être là, tout simplement. 

 

 

 

 

8 commentaires

  • Artisane aussi en bijoux, ça fait maintenant 10 ans que j’essaie de créer des bijoux qui se démarquent (et constate aussi de la copie, Arf !).
    Depuis 2 ans, les marchés s’essoufflent, j’ai l’impression la plupart du temps d’exposer sans intéresser les potentiels clients, qu’ils n’osent même plus s’approcher des stands de peur de devoir acheter.
    Heureusement nous avons créé un collectif avec d’autres créateurs/producteurs qui nous permettent de lancer des projets (mais quelle énergie cela demande !). Boutique d’été et de Noël sauvent partiellement mon chiffre d’affaire.
    Et la question de reprendre une activité salariée s’est posée plein de fois dans ma tête, pésant le pour et le contre. Je sais bien qu’en cumulant des emplois mon entreprise dmsera délaissée, que je n’aurais plus a même énergie à y consacrer.
    Quand aux réseaux sociaux, mon atelier est constamment en bazar et ma tête assortie (!) et n’ai jamais réussie à tenir dans mes publications. Ce n’est décidement pas fait pour moi. Je n’ai pas envie de me forcer.
    Plein de bonnes ondes à toi et aux artisans qui passent par ici !!!

    Camille
  • Même constat ici, créatrice textile et zéro déchet en tissus de seconde main depuis plus de 10 ans. Avant les marchés et les commandes personnalisées me suffisaient pour vivre, depuis le covid, nous sommes de plus en plus nombreuses sur le secteur et du coup, j’ai dû les arrêter. Et les réseaux, très peu pour moi, du coup les ventes se sont effondrées, les prix du seconde main ont augmenté, je ne peux donc plus suivre. À la recherche d’un emploi à plus de 56 ans, c’est d’une tristesse mais c’est malheureusement la triste réalité. Par contre, ne baissez pas les bras car vos créations sont sublimes, originales et donc malheureusement copiées mais vous restez The Best dans votre univers.
    Plein de courage

    Chez Marcelin
  • Bonjour Élodie,

    Je comprends ton désarroi et ta solitude.
    Je ne suis pas (encore !) artisane, mais en ce qui me concerne, c’est 0 réseaux sociaux. Tous ces gens qui se mettent en avant ou qui se sentent obligés de le faire… très peu pour moi. Mes amies me le reprochent parfois.
    J’ai trouvé ton mail, parcouru ta boutique en ligne et suis même allée jusqu’à m’imprégner de ton article sans avoir de compte Insta!.
    Alors, oui, un peu de réseaux pour se faire connaître, mais “point trop, n’en faut” comme dirait l’adage.
    Être sa propre patronne, c’est aussi avoir envie d’une certaine forme de liberté et aussi d’aimer le goût du risque, mais si l’absence de hiérarchie fait place à la dictature des réseaux sociaux, l’intérêt est moindre, voire nul.
    Alors, je te dirais : " ne te mets pas de pression RS". Personne ne t’oubliera. Tu as aussi le droit à la déconnexion, le soir, le week-end… et aussi quand cela te chante. Et dis-toi que bien que parfois copiées (c’est déprimant, je sais), tes créations restent uniques, parce que tu l’es.
    Courage !

    Carole A.

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